Gérard Dupuy

La naissance du paysage dans la poésie chinoise

Marche, qu’il est beau d’avancer sur sa voie
L’homme retiré du monde avance d’un pas assuré
Vers des buts élevés, cachés, si difficiles à atteindre
En quoi un « oui » et un « non » peuvent-ils différer
Dans l’apaisement, se confier à l’Unité
Sérénité et savoir s’unissent dès à présent
Pour désormais retrouver ma nature
Xie Lingyun

 

La naissance du paysage dans la poésie chinoise est un ouvrage sur la genèse d’un courant majeur de la poétique de la Chine ancienne connu sous le nom de shan shui « montagnes et eaux » et auquel Xie Lingyun offrit ses plus beaux fleurons. L’expression shan shui est apparue au IIIe siècle de notre ère, au sud du Bas-Yangzi, pour rendre compte de la sensibilité au paysage qui peut s’exprimer aussi bien en peinture qu’en musique.

Au Ve siècle, dans Nankin alors capitale impériale des Jin orientaux, de jeunes aristocrates lettrés, héritiers de grandes familles, rivalisaient tant dans le domaine des arts (calligraphie, musique, poésie, peinture) que dans celui de la pensée (réexamen des textes fondateurs du taoïsme, accueil du bouddhisme arrivé en Chine au début du IIe siècle, réflexions et discussions philosophiques).

C’est dans ce contexte effervescent que Xie, un des plus brillants éléments de cette société, est éloigné, en 422, aux confins sud de l’Empire (à Yongjia : actuelle ville de Wenzhou) dans un poste subalterne. Il commence aussitôt d’inlassables randonnées dans ce qui lui apparaît comme un autre versant d’un monde qu’il n’aurait pu imaginer et qui est aussi pour lui comme une approche du Tao. Dans un même mouvement, il compose de splendides poèmes de « montagnes et d’eaux » qui seront conservés dans la première grande anthologie littéraire datant du VIe siècle, le Wenxuan. Xie ne cessera jamais de composer sur ce thème aussi bien à son retour dans le vaste domaine familial, près de Shaoxing, que pendant le long voyage vers Canton où il est emmené pour y subir la peine capitale.

La littérature sur ce grand poète porté aux nues sous les Tang, puis les Song, redevient aujourd’hui très importante en Chine et au Japon ; en revanche, elle est pratiquement inexistante dans les langues occidentales.

Cet essai vient donc combler un vide. Il s’apparente aussi bien à l’étude philosophique que littéraire ou historique par les données qu’il contient et les événements qu’il évoque. Il apporte une synthèse de qualité sur un sujet qui allie précision et clarté et ne cède jamais à la vulgarisation ni aux travers de certains spécialistes.

Son étude constitue une approche susceptible d’éclairer de façon précise et documentée le lecteur sur ce sujet important mais peu traité jusqu’ici. Elle présente de plus l’intérêt de donner à lire un ensemble de poèmes traduits de façon exacte et élégante sur le sujet. C’est un ouvrage qui porte un regard cultivé sur un événement culturel important de la Chine ancienne, mais qui demeure encre trop méconnu du public occidental. En effet, la question délicate du paysage, aussi importante qu’insaisissable, a été abordée jusqu’ici de très nombreuses fois dans la littérature selon des angles divers, mais pratiquement toujours dans le champ occidental.

Ce texte s’efforce de conserver le parti pris synthétique propre à l’auteur dans ses essais. Il est ainsi érudit sans être jamais pédant. Il est accompagné d’une anthologie succincte mais évocatrice de poèmes présentés en bilingue permettant au lecteur de savourer la qualité des œuvres abordées.

Concrètement, tout comme son précédent essai, ce recueil est un texte de passage donnant accès à un ensemble de données et de poèmes, souvent inédits en langue française ou éparpillés dans un ensemble de recueils inaccessibles aux lecteurs modernes, tout particulièrement s’ils ne possèdent pas le chinois.

Parution : février 2025

Edition courante

Format : 14 x 21,6
Reliure brochée
192 pages

ISBN : 978-2-37650-155-8

Prix : 22,00 €

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Format : 14 x 22
Reliure : cahiers cousus
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