Jean Rochard

Jean Rochard naît un Ier avril (de l’année 1957). Il n’en deviendra pas humoriste pour autant, même s’il apprécie l’humour et n’en manque pas.

C’est par les disques de ses aînés (Julie Driscoll, Otis Redding, The Kinks), ceux de la buraliste (Cozy Cole, Charlie Parker), de son cousin (The Beatles, Dave Clark Five), de la discothèque familiale (Stravinsky, Berlioz, les frères Médinger, Bourvil) et la pratique du tambour dans la fanfare de Chantenay-Villedieu, qu’il s’éveille à la musique. Le choc des écoutes de Jimi Hendrix, Don Cherry et Michel Portal, servira de piste pour tout ce qui suivra. La bande dessinée occupe d’emblée chez lui une large place grâce aux lectures dans la prime enfance des journaux Tintin et Spirou. La passion de l’image a d’abord guidé ce futur producteur vers la photographie dont il fait métier de 1974 à 1982 avant de l’abandonner. En 1976, il commence à écrire dans quelques revues, ce qui deviendra une activité assez régulière qu’il poursuit encore aujourd’hui sur différents supports et sites.

C’est en 1978 qu’il organise ses premiers concerts (Jacques Thollot, Michel Portal), qui deviendront ensuite une activité régulière à Chantenay-Villedieu jusqu’en 1988. Ce festival qu’il anime sera le lieu de nombreuses rencontres et marquera la décennie (il sera notamment l’occasion de la première venue en France de musiciens comme John Zorn...).

Il crée les disques nato en 1980 lors justement du festival de Chantenay-Villedieu. Viendront un peu plus tard les disques Chabada (avec le groupe The Melody Four) puis Hope Street, collection la plus récente de son label.

À la demande de Philippe Harry Blachette, il produit dans les années 80 quelques émissions pour France Culture.

En 1982, il crée et dirige le bimestriel Jazz Ensuite dont il sera rédacteur en chef et qui sera publié par les Éditions Fréquences pour lesquelles il était auparavant photographe.

Il produit également quelques musiques de film pour Liria Begeja, Tonie Marshall, Jacques Perrin, Mehdi Charef, Jean Marboeuf, Jean-Pierre Sinapi ou plus récemment pour le film de Toshi Fujiwara No Man’s Zone à propos de la catastrophe de Fukushima… La cinéaste Pascale Ferran consacre un film de long métrage tourné en Floride à l’enregistrement d’une de ses productions : Winter Garden de Sam Rivers et Tony Hymas.

Il tournera même un documentaire sur la marche des Indiens Lakota dans le Dakota du Sud reprenant les traces de leurs ancêtres de 1990. Ce documentaire sera l’occasion de renouer avec la photographie avec la participation au film du photographe Guy Le Querrec. Ce voyage donnera plus tard naissance à son livre Sur la piste de Big Foot (éditions Textuel) dont Jean Rochard écrira le texte et Jim Harrison la préface. Cette « aventure » est la suite naturelle du projet Oyaté réalisé par le musicien Tony Hymas avec qui il entretient une complicité ininterrompue depuis 1984. Il retrouvera Guy Le Querrec en 2022 pour son livre Michel Portal au fur et à mesures (Éditions de Juillet) dont il assurera là encore le texte.

À partir de 2000, sans se départir de son indépendance, il produit pour Universal le disque de Michel Portal, Minneapolis, suivi de quelques productions franco-américaines, sources d’inspiration et collaborations futures pour la collection Hope Street des disques nato.

Avec Sara Remke, il crée en 2003 à Minneapolis, le festival Minnesota sur Seine, lieu de rencontre de musiciens français et américains qui connaîtra quatre éditions jusqu’en 2008.

En 2010, les trente ans de nato connaissent un « Retour à la case Dunois » avec le retour d’artistes comme Lol Coxhill et Steve Beresford. Ces disques entament une décennie qui verra des productions comptant parmi les plus remarquées du label comme Chroniques de résistance ou De l’Origine du Monde de Tony Hymas, I will not take but for an answer d’Ursus Minor, The Zimmerman Shadow de Jef Lee Johnson ou Crescendo in Duke de Benoît Delbecq. On notera aussi des suites actualisées données à des expériences passées comme un second volume de Vol pour Sidney (retour) ainsi que des retrouvailles avec des musiciens ayant enregistré pour nato dans les années 80 (cette fois avec des musiciens de nouvelles générations) comme Jean-François Pauvros, Jac Berrocal, Joëlle Léandre ou Jacques Thollot in extremis pour son dernier album In Extenso. D’autres musiciens comme Catherine Delaunay, Davu Seru, Guillaume Séguron ou les duos Le Bénéfice du doute et Ill Chemistry font leur apparition sur l’étiquette du chat.

En 2020, les quarante ans de nato sont quelque peu perturbés par la crise sanitaire, néanmoins le moment fait date le 6 octobre à la demande de l’Atlantique Jazz Festival à Brest : Jean Rochard y lit un texte sur ces quarante ans intitulé : Les Nous Autres et les 40 ans à venir, accompagné à la contrebasse par Hélène Labarrière. Francis Marmande écrit dans Le Monde du 9 octobre : « Lui dont les mots sont sobres, les interventions tranchantes volontiers narquoises, raconte nato en style de poème très exact. »

Producteur inspiré par des thèmes sociaux, historiques, cinématographiques où la bande dessinée occupe une grande place, sa motivation est, aujourd'hui, plus que jamais le langage de la musique, la place de celle-ci dans la société et sa capacité à participer à un autre futur. Les disques à forte thématique (Satie, Jean-Luc Godard, Spirou, Durruti, Gustave Courbet, Sidney Bechet, la Résistance, Octave Mirbeau ...) sont une spécialité de son label nato. Riches à ce jour de plus de 150 albums, Jean Rochard a produit des disques dans les champs du jazz, du classique, de la musique contemporaine, du rock, du funk, du hip-hop et la liste n’est pas close !

Il publie aujourd’hui un livre synthétique en collaboration avec Pierre Tenne, historien et chroniqueur, à leur image, Le jazz en 101 citations.

Que dire de plus ?

Une dernière précision : son animal favori est l’ours.

Du même auteur

Le jazz en 101 citations

Parution : avril 2025

Le jazz en 101 citations

Jean Rochard, Pierre Tenne

Format : 12,5 x 19
Reliure : broché
64 pages